samedi 15 mars 2008

Tahiti Chapter ou les Bikers "Maohi"



Une Harley pétarade à l’aube, près de la Station essence de la Marina Taina à Punaauia. C’est le rendez vous pré-dominical des bikers locaux. Une seconde monture puis une troisième, tous des gros cubes, montés par des gros bras qui feraient frémir les Hells à « L.A», tatoués des pieds à la tête, santiags polishées à mort, jeans lacérés, gilet cuir près du corps estampillé "Tahiti Chapter"… le total Look à la Station TOTAL. Tellement « trop » que je n'ai jamais osé les aborder pour leur demander une série de portraits qui m’auraient sans doute valu la Une de Photo magazine voire même une nomination au Pulitzer, encore eut-il fallu que je fusse américain ce qui n'est pas le cas, et journaliste de surcroit, je n'ai pas non plus de carte de Presse....! Dommage. On a de ces pudeurs parfois ou la trouille tout simplement de se faire casser la gueule purement et simplement, les Maohi même bikers malgré leur carrure à faire frémir le pack des Black (voisins) sont plutôt cool!

Cà me rappelle une anecdote, du vécu. J’avais 7-8ans, je passais mes vacances d’été en famille à Quiberon en Bretagne Un jour à la plage, je "spote" ville un surplomb de la route qui formait une sorte de grotte. La route au dessus faisait un lacet. Des bikers justement avaient laissé une somptueuse Goldwin, flambant neuve, à l’arrière de laquelle était attaché un anachronique panier en osier (je n'irai pas jusqu'à avancer que de ce panier dépassait une jolie nappe à motif vichy rose et blanc. Dans la grotte exactement à la verticale de la Moto rutilante, une image d'Apocalypse: 2 bonnes sœurs en habit et cornette étaient installées pour un pique nique dominical, gentiment assises sur leur napperon brodé…..J’avais gagné la semaine d'avant mon premier appareil photo-en plastique- à une course en sac au club Mickey- et parachevais mon apprentissage de la photo, tantôt sur les chaussettes et autres torchons séchant au vent breton dans le jardin, des zooms-flous mais contrôlés-sur les pinces à linge avec fond de ciel ennuagé et le tout pris de biais, des gros plans bizarroïdes sur mes baskets de l’époque, ou encore un coin de table à la nature morte… et mon esprit mal tourné -déjà- de « petit con » comme m’apostrophait parfois mon Père, avait imaginé un cadrage d’enfer digne de Groland, vertical, des 2 cornettes au vent ripaillant dans la grotte (confère la grotte miraculeuse de Lourdes), après avoir arrêté sur la corniche leur fringante monture et vidé le panier de provisions. Mais fort d’une éducation religieuse dont les fondements résidaient sur des origines italiennes voire même Sardes–c’était mon temps fort au catéchisme et mes 1ères barrettes de scout attestaient de mon dévouement à la cause- Flairant l’ignominie honteuse et la moquerie irrespectueuse- j’avise tout de même les autorités parentales, qui bullaient non loin sur leur serviette de plage, autorités libérales et bien inspirées, qui me suggèrent de proposer mon plan au intéressées même, à savoir les bonnes soeurs! L’idée du pécher-avoué-à-moitié-pardonné fait son chemin, et à reculons, quelques temps plus tard, je me décide enfin et m’approche prudemment des 2 cornettes qui festoyaient toujours, les aborde et leur décris mon vil dessein. D’un divin papillonnement des cils, elles m’annoncent d’une seule voix et d'un air entendu, qu’elles ne peuvent accéder à ma demande, leur Ordre Céleste leur interdisant de paraître sur papier glacé -habillées ou non (la précision est de moi)- et se doivent d’anéantir malgré elles et à jamais mes projets de couverture de Paris Match, pour ce coup là.

Je m’attendais évidemment à cette fin de non recevoir, et le feu aux joues remballe honteusement mon appareil (photo), et m’efface en leur souhaitant réellement sans arrière-pensées une bonne fin de journée. L’incident est vite oublié (à 7 ans on a pas encore la rancune ancrées dans les gênes et la mémoire à peine plus marquée que celle d'un poisson rouge -30 secondes et 2 tours de bocal )et l regret est vite dissous après un ou 2 cornets de glaces et un plongeon dans l’eau revigorante de la Bretagne en été (on est loin de Tahiti)….

L’après midi tire à sa fin, le soleil baisse inexorablement, la plage commence à alors à se vider peu à peu…. Quand je vois approcher les 2 bonnes sœurs de tout à l’heure, à contrejour (2 silhouettes inquiétantes qui semblent flotter dans l'air un peu comme la fameuse scène de l'Etoffe des Héros au moment ou les silhouettes des astronautes apparaissent dans un nuage incertain, un peu comme les mirages dans le désert....à moins que ce ne soit tout simplement les effets secondaires des coups de soleil aoutiens....)elles ont remballé leur pique nique et s'apprêtent à regagner leur Congrégation mais me demandent d'abord d’approcher en étouffant de petits gloussements. Elles ont visiblement un secret à me glisser à l’oreille. A nouveau les joues écarlates et tout penaud je m’approche. Je m'attendais au châtiment suprême , une claque magistrale pour mon impudence, ou pour mes pensées honteuses de l'après-midi.....

« La prochaine fois, me déclarent-elles, prends ta photo d'abord et demande seulement après !!! » Une belle leçon, non !? Qui m’est restée à vie marquée au fond d’une case que je réouvre de temps en temps quand l’occasion se présente à nouveau !
Mais jamais une aussi belle ne s’est à nouveau représentée à moi. Encore dommage !
Et encore plus dommage, peï, pour les bikers que je n'aurai jamais shootés sur la route de côte à Punnauia!!

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Caramba!!!! Quintana Roo, Mexico