mardi 20 mai 2008

Les églises et l’histoire des missions

L’histoire de l’évangélisation de la Polynésie remonte à novembre 1774, lorsque deux missionnaires franciscains débarquent à Tautira. Les deux prêtres catholiques ne s’adaptent pas au pays, et sont récupérés, un an plus tard, par l’Aguila, le bateau espagnol qui les avait amené au fenua, et regagnent leur paroisse péruvienne. Près d’un quart de siècle s’écoule avant que n’arrivent pour porter la bonne parole de nouveaux missionnaires protestants anglais. Leur influence sera capitale et sans comparaison avec les deux siècles précédents d’évangélisation. Vers 1795, dans la mouvance des grands voyageurs comme Wallis et Cook, la London Missionary Society décide d’envoyer des missionnaires dans le Pacifique Sud. Leur influence est d’abord vaine : aucune traduction n’était faite des textes bibliques et la communication passe mal entre les Tahitiens et les nouveaux arrivants inexpérimentés. La première Bible jamais écrite en tahitien est imprimée à Londres, en 1805. Des écoles et des temples sont bâtis, et Pomaré II est baptisé en 1819. La mission d’Océanie ne date que de 1827, date de son arrivée aux Gambier. Les Marquises n’échappent pas à la règle et sont investies par la Mission catholique en 1838. Les Tuamotu sont évangélisées dix ans plus tard, alors que les Mormons avaient déjà fait la place depuis 1845. Suivent alors des conversions en masse, des prêtres d’abord, puis de la population. Le mouvement prend progressivement de l’ampleur, jusqu’au milieu des années 1960, date à laquelle l’Église anglicane rassemble plus de la moitié de la population locale. Les diverses influences religieuses s’entrechoquent – le rachat des âmes n’a pas de prix. Alors que l’Église anglicane se développe en Polynésie depuis la fin du xviiie siècle, les Catholiques voient leur nombre diminuer depuis la Révolution française. Depuis, le clan des athées ne cessent de grandir, en même temps que les Témoins de Jéhovah et les Mormons voient leurs adhésions presque doubler.
Les populations locales furent réfractaires à chaque nouvelle arrivée de missionnaires. Les différentes missions, même si leur objectif était essentiellement spirituel, ne s’arrêtaient pas à l’approche des âmes. Les prêtres, quelle que soit leur confession, apportaient aussi leur savoir, et l’enseignement devint une priorité, avec la construction d’écoles. Ils apportèrent aussi leur savoir-faire en matière d’agriculture et importèrent de nouvelles pratiques et des produits inconnus jusqu’alors. Bâtisseurs depuis le Moyen Âge, ils construisirent aussi en Polynésie des églises ou des temples, bien sûr, mais aussi des dispensaires, et contribuèrent – d’une manière certes radicale, mais efficace – au développement de la région.
Ces contacts successifs engendrèrent des bouleversements profonds des structures de la société polynésienne, tant sociales que culturelles. Il en résulta l’abandon – forcé – des croyances ancestrales et des pratiques religieuses datant de l’ère pré-européenne. Depuis quelques années, cependant, on assiste à un renversement de ce processus et à un renouveau de la culture et de l’identité maohi, en bonne intelligence avec ces religions, somme toute très récentes en Polynésie.

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Caramba!!!! Quintana Roo, Mexico