Une randonnée géniale à faire depuis Papeete est sans doute celle de la Vallée de Fautaua au terme de laquelle, suprême privilège, l’on peut se baigner dans l'eau glacée de la cascade au milieu des anguilles sacrées à oreilles. 2 ou 3 heures de marche seront nécessaires- rien n’est gratuit !- pour arriver au premier bassin. On traverse une jungle tropicale digne de Jurassic Park, aux portes même de la ville, après s’être acquis d’un modeste écot aux gardes forestiers. Si la pluie torrentielle vous attrape au milieu de la ballade, vous n’aurez d’autre choix que de vous protéger sous les feuilles géantes des fougères arborescentes (quoiqu'elles sont toutes dentelées alors çà fuit autant prendre une feuile de bannanier!!! et d’attendre que çà passe, vous aurez aussi à traverser à gué le torrent glacial, vous glisserez sans doute sur les rochers moussus, et risquerez de noyer votre matériel photo rangé au fond de votre sac à dos, la randonnée pourra se transformer en enfer, genre Platoon, les balles en moins. L’ultime récompense sera la 1ère piscine naturelle lovée dans une formation de lave semblable à une large soucoupe toute arrondie, qui vous permettra de faire le plus génial toboggan qui soit ! Un escalier escarpé, moitié en roche moitié en rondins, permettra d’accéder après la piscine au dernier tronçon du parcours. Les moins courageux rebrousseront chemin à cet endroit précis ! plus haut, la rivière fait une fourche, et nombreux sont ceux qui prendront la mauvaise branche et suivront la mauvaise piste pour se retrouver dans un cul de sac infranchissable ! on ne saura que trop conseiller de revenir en arrière jusqu’au croisement fatal, évidemment sur le gros rocher qui fait office de carrefour naturel de petits plaisantins ont déposé des branches qui forment une flèche que vous aurez suivi bêtement –c’est bien fait pour vous, un sens aigu de la Nature et de l'orientation!!- vous aurait fait évidemment bifurquer vers l’autre bras de la rivière … en haut, la récompense, un sourd grondement annonce l’issue prochaine de la ballade, la cascade est proche. La civilisation est loin derrière nous...Les 3 heures de montée vous ont ouvert l’appétit, vous êtes trempé, l’humidité bat son plein, le sac à dos trempé a imprimé son motif hibiscus à l’envers sur votre T shirt. La surprise est de taille, effectivement tout votre matériel photo est passé à l’essoreuse, et les sandwiches préparés avec amour sont également tels que vos torchons à leur sortie de la machine à laver. On trouvera un rocher doux et arrondi pour poser son séant meurtri par plusieurs chutes majestueuses dans la rivière… la faim justifie les moyens, vous avez des ampoules aux 2 pieds, car vous ne faites jamais les choses à moitié, mais vous dévorez vos sandwiches comme s’ils étaient vos derniers. L’un d’entre vous a pris du poulet dans un tupperware. Des remous sous vos pieds attirent votre regard. Une vision d’apocalypse, une tête de chien vous regarde avec d’étranges yeux d’un bleu époustouflant, le chien bouge les oreilles d’une drôle de façon, d’avant en arrière, mais il n’a pas de pattes, ne remue pas de la queue, sans doute les effets du pakalolo de la veille dont vous avez incidemment inspiré 2 ou 3 bouffées dans les nuages du voisin…. Non, ce n’est pas un chien, c’est une anguille sacrée à oreilles. Il ne faut surtout pas les toucher, pourtant, dans les bassins inférieurs, lorsque vous avez plongé pour vous rafraîchir, elles auraient pu vous frôler…. Rétrospectivement, un frisson vous parcourt l’échine… vous avez nagé au milieu de ces monstres. Car c’est bien une meute qui accourt, par l’odeur alléchée (par le poulet que votre ami a déjà commencé à jeter dans l'eau pour mieux les appater!!!) c’est bientôt six, sept puis près d’une douzaine de ces monstres de la montagne larges et longs comme 2 fois le bras d'un catcheur Texan, elles vous encerclent placidement, patiemment, sans autre bruit que le clapotis de l'eau de la cascade –en fait, assis que vous êtes sur votre rocher au bord du torrent, elles sont tout autour…comme les indiens autour de la caravane .... Le spectacle est impressionnant, ces drôles de clébards surréalistes (on se croirait dans un tableau de Bruegel- qui mastiquent une aile de poulet et en quémandent de leurs drôles d'yeux bleus, sans pour autant japper ni aboyer…..en fait c’est un cauchemar éveillé! …. Encore une rencontre à couper le souffle mais il fallait grimper jusqu’en haut de la montagne pour avoir la chance de la faire ! On finira par oublier ses craintes et plonger dans l'eau glaciale et se faire doucher sous la cascade pour oublier ce mauvais rêve éveillé!!!
samedi 15 mars 2008
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2 commentaires:
Ah ben mince!!! On y est allé... on s'est pas baigné... et à part les moustiques, on a rien vu!
Bon, faut qu'on revienne!
Il existe des photos de ces petites bêtes la?
Damned, non pas de photos.
Je suis arrivé au pied de la cascade, on avait le "trek" un jour ou il pleuvait (pluie antediluvinne!!!) j'avias eu la sagesse de ne pas prendre mon matériel qui aurait été noyé!!!
Il faudra chercher sur le NET!!!! mais je vous assure qu'elles existent bien, ces anguilles, et qu'elles ne sont pas le produit de mon imagination!!!ni l'effet de la Hinano!!!
stephane
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