L’alcool et le pakalolo sont pour ainsi dire les mamelles de la Polynésie pour parodier sans scrupule un fameux aphorisme…En exagérant à peine. L’alcool est comme dans nombre d’îles une catastrophe naturelle. Les églises tentent d’endiguer le phénomène-on ne parle pas de l’éradiquer- en faisant promettre aux paroissiens de rester sobre, 2, 5 jours voire une semaine, un mois ou une année durant sans faillir…..sauf dérogation pour baptême ou fête familiale ou là on peut se torcher allègrement sans risquer les foudres du Seigneur ou de son représentant… On a vu des publicités où une jeune fille chantait les horreurs de l’alcool au son de la valse tahitienne, avec en fond des images chocs de Samu et autres accidents de la route, et l’histoire de son tane qui se rince à tout va, c’est un surfeur blond vautré sur une table de bistrot, une bière dans lune main moite, à moitié vide….. On a vu le figurant « dans la vraie vie » (dixit "radio cocotiers) traverser une rue de Papeete, la Hinano à la main !!! vive la prohibition ! d’ailleurs elle existe bien, la prohibition, certaines communes des îles ont passé par Décret l’interdiction de vente d’alcool à partir de Samedi 10h00 du mat en général.
Et les hypermarchés, bons élèves, interdisent l’accès aux armoires réfrigérées contenant l’objet du délit que l’on ne commettra pas justement ce week end…par des banderoles souples comme pour les champs d’investigation « crime scene » des meilleurs thrillers américains… La parade à la prohibition, tout le monde la connaît, et l’on voit des cohortes de caddies remplis jusqu’à la gueule de caisses de Hinano, chargées à l’arrière des pick up le vendredi soir.
L’alcool est souvent violent dans les îles. On ne saurait que trop conseiller de quitter systématiquement les bringues bien avant le couvre feu, pour éviter les bastons de dernière heure, les rancœurs émergées de torrents de mousse tiède et de relents de
Baron Pastigeac en cubitainers… Les meilleurs amis du monde après quelques grammes d’alcool dans les veines peuvent devenir les pires ennemis, et s’ils ne s’entretuent pas, ils auront oublié les pires injures de la veille et seront à nouveau comme cul et chemise jusqu’à la prochaine fête…
La première fois que j’ai soufflé dans le ballon , c’est bien à Tahiti un samedi matin, à la Pointe Vénus. Des CRS étaient en faction près de la plage, un des hauts lieux des beuveries du samedi soir… et arrêtaient les voitures. Un "mutoi" (flic N.D.L.R.) débonnaire me sourit, garde à vous réglementaire, me salue et me tend un sifflet sans cérémonie et me prie instamment de souffler dedans. Je lui annonce sérieusement que j’ai tout juste bu du jus d’ananas. Il me réplique dans un sourire d’une oreille à l’autre que çà dépend de ce que j’ai mis dans le jus d’ananas… Le contrôle s’est avéré négatif. Une soir au Rétro, une scène digne de Charlot, 2 jeunes complètement hébétés, essayant de tenir à 2 sur un scooter, qui faisait des grands « s » sur la contre allée, devant la brasserie, on aurait dit un slalom autour de balises invisibles. Ils tentaient en fait d’arrêter leur monture, et n’avaient plus la force de serrer les freins, le moteur les entraînait malgré eux le passager tanguait avec le conducteur qui passait le poids de l’ensemble d’un pied mal assuré à l’autre… on aurait dit des guimauves de foire qui tentaient de rester à la verticale sur l’étalage ! Pitoyable. Ils ont dû finir la nuit sous un porche non loin de là…
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