Leçon de choses à Rangiroa
Gauguin’s pearl.
Voilà une fermière perlière, qui se visite, et d’où l’on ressort assurément plus intelligent qu’en sortant. Personne de vous dit de détourner votre regard où le téléobjectif de votre appareil photo des greffeurs, pour cause de soit disant secrets professionnels ! Ici, on vous encourage même à prendre autant de photos que vous voulez !
La visite est même gratuite, un scoop quand on sait que dans l’île voisine, Manihi, le Berceau de la Perle Noire du Pacifique, la perle dite « de Tahiti », la moindre visite vous en coûte plus de 2500CFP dans la plupart des 60 fermes de l’atoll… La visite commence par une « leçon de choses » fort intéressante sur la vie d’une nacre, autrement dit de l’huître perlière. On apprend que les naissains ne peuvent provenir que des Tuamotu, que les îles hautes ne permettent pas leur croissance, à cause de l’eau douce qui descend des montagnes et n’a pas les qualités requises à leur viabilité. Ainsi, la perliculture est arrivée aux îles sous le Vent, où l’on tente de plus en plus d’expériences depuis quelques années, c’est grâce aux naissains des Tuamotu.
La Pinctada margaritifera, variété "cumingui", était déjà connue au siècle dernier en Europe , mais seulement pour sa coquille, la fameuse nacre avec laquelle on fabriquait les boutons de chemise !
Les Gambier et les Tuamotu comptaient parmi les grandes zones de pêche, à cette époque. Il fallait assure t’on ouvrir quelques 15.000 perles pour trouver une perle fine de valeur ! La Perle noire était alors l’apanage des parures royales, grâce à sa rareté. On la baptisa la « perle des Reines » et la «Reine des perles ». Une fameuse perle noire, nommée Azra, était la pièce maîtresse d’une parure des joyaux de la couronne de Russie. Depuis une quarantaine d’années, l’homme a forcé la nature et en quelque sorte tenté de dompter l’huître perlière. C’est en 1961 que les 1ères expérimentations de greffe sont entreprises, dans le lagon de Bora Bora. 2 années plus tard, la faisabilité de l’opération est démontrée et des fermes sont alors créées à Manihi, Marutea, et Mangareva. Les différents stades d’évolution sont expliqués alors, avec des spécimens d’huîtres à leurs différents stades de développement.
Après une vingtaine de minutes d’explications, le guide nous mène alors dans la ferme et nous fait découvrir les différentes étapes de traitement des huîtres. Un long et fastidieux parcours, fait de nettoyages successifs, de perçages des coquilles, pour disposer les huîtres dans des filets qui seront suspendus à quelques mètres sous la surface de l’eau. Les ouvriers des fermes sont, on peut le voir, très affairés. Peu de paroles sont échangées pendant la journée de travail. On dirait une ruche silencieuse. Les Filets sont ouverts, à leur 1er stade, les mailles sont très fines, ce qui fait que si l’huître a rejeté son nucleus, on peut le récupérer au fond du filet pour le replanter ultérieurement. On apprend que les petites sphères de nacre sont réalisées dans la nacre d’une moule du Mississipi. Des nettoyeurs ôtent régulièrement des coquilles toutes les algues et autres impuretés qui peuvent parasiter l’huître et empêcher sa croissance. Les nacres sont brossées une à une à la main, nettoyées et réinstallées dans des filets à mailles plus lâches au fur et à mesure de leur croissance.
Les bonnes nacres, celles qui n’ont pas rejeté leur nucleus, seront laissées 18 mois avant de leur retirer la perle. Si la perle fait 8mm de diamètre, on peut réinstaller un nucléus pour une seconde perle, cette fois sans bout de manteau. La couche épithéliale est toujours présente et la seconde perle sera de la même couleur que la précédente. Une jeune nacre peut être greffée jusqu’à 3-4 fois, selon les perliculteurs. La dernière perle fabriquée sera grosse, mais moins belle, plus terne. Tout est cependant relatif ! Un ouvrier prend les perles nettoyées, et d’un tour de main qui rendrait jaloux les meilleurs ouvreurs d’huîtres de Bretagne, in serre un coin en métal, une sorte de pince qui maintient l’huître entrouverte, sans déchirer le muscle du pied, prêt pour la greffe. Etape ultime, le greffeur, autrefois exclusivement japonais et désormais Tahitien ou Paumotu, va entreprendre l’insertion experte du nucleus et du bout de manteau. On remarquera que les nucleus sont jaunes alors qu’un moment auparavant, le guide montrait des sphères de nacre totalement blanches. Avant leur introduction, elles ont baigné dans un liquide antiseptique qui leur donne cette drôle de couleur ! Cette opération est très délicate et un très fort pourcentage de pertes inexpliquées reste encore à déplorer malgré le soin et l’attention de chaque greffeur. Selon les exploitations, 25% de réussite seulement et 2 à 3% de très belles perles.
La Nature se venge quelque part de l’ingérence de l’Homme dans le grand ordonnancement qu’elle ne maîtrise presque plus ! De plus, les cyclones et les boues rendent un peu plus aléatoires les récoltes…
On introduit des nucleus parfaitement sphériques, mais également de qu’on appellera des mabe, réalisés à partir de bouts de plastique de formes différentes (cœur, goutte, étoile…). Après 10 mois, l’huître a produit de la nacre sur la forme, le plastique sera retiré, de la résine injectée sous la nacre pour obtenir plus de résistance et un bijou est alors prêt à naître. En fin de vie, l’huître aura été totalement »recyclée » même si le terme n’est pas très joli, et sa nacre réutilisée pour faire des boucles de paréo ( en forme de tortue, de poisson…) ou gravée, et on la retrouvera en devanture des curios.
L’endroit où aura été prélevé le manteau sur la nacre va déterminer la couleur finale de la perle. En effet, des irisations qui vont du blanc presque pur au noir, en passant par le vert intense, la couleur aubergine donne toute une gamme de couleurs qui font de cette perle sa spécificité et sa beauté.
La visite se termine, commerce oblige, par le passage à la boutique où sont disposées sur une table des dizaines de perles, dans des pochettes transparentes, rangées par qualité, par gamme de prix, par couleur, chaque lot pouvant constituer une magnifique parure, un bracelet, ou toute création laissée à l’appréciation et l’inspiration des créateurs ! On se croirait dans la Salle au Trésor !
On introduit des nucleus parfaitement sphériques, mais également de qu’on appellera des mabe, réalisés à partir de bouts de plastique de formes différentes (cœur, goutte, étoile…). Après 10 mois, l’huître a produit de la nacre sur la forme, le plastique sera retiré, de la résine injectée sous la nacre pour obtenir plus de résistance et un bijou est alors prêt à naître. En fin de vie, l’huître aura été totalement »recyclée » même si le terme n’est pas très joli, et sa nacre réutilisée pour faire des boucles de paréo ( en forme de tortue, de poisson…) ou gravée, et on la retrouvera en devanture des curios.
L’endroit où aura été prélevé le manteau sur la nacre va déterminer la couleur finale de la perle. En effet, des irisations qui vont du blanc presque pur au noir, en passant par le vert intense, la couleur aubergine donne toute une gamme de couleurs qui font de cette perle sa spécificité et sa beauté.
La visite se termine, commerce oblige, par le passage à la boutique où sont disposées sur une table des dizaines de perles, dans des pochettes transparentes, rangées par qualité, par gamme de prix, par couleur, chaque lot pouvant constituer une magnifique parure, un bracelet, ou toute création laissée à l’appréciation et l’inspiration des créateurs ! On se croirait dans la Salle au Trésor !
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